L’IMPACT POSTURAL D’UNE INSUFFISANCE DE CONVERGENCE OCULAIRE

 

Plus de 20% de la population souffre d’un trouble de convergence oculaire. Un problème qui s’est sans aucun doute répandu et aggravé avec l’omniprésence des écrans dans notre vie quotidienne.

C’est un trouble fréquent qui touche les personnes de tout âge et qui peut avoir un impact important sur l’équilibre postural d’un individu.

Le mécanisme de convergence

En optique, la convergence est le mouvement symétrique et simultané des deux yeux vers le nez en vision rapprochée. Indispensable en vision binoculaire, ce mouvement est associé au réflexe d’accommodation (réflexe d’accommodation-convergence). Il se traduit par une action réflexe des yeux qui font eux-mêmes leur mise au point pour voir de près et suivre un objet du regard. Si bien que les deux yeux convergent de manière synchronisée vers le nez afin d’offrir une unique image nette.

Néanmoins, il arrive que les yeux se désynchronisent et que la vision tende à se dédoubler dans ce cas particulier : c’est l’hypoconvergence.

Les troubles de convergence oculaire

L’hypoconvergence, ou insuffisance de convergence, est un trouble oculomoteur courant causé par les muscles oculomoteurs. Ces derniers , affaiblis ou déséquilibrés, ne permettent pas aux yeux de se synchroniser et de converger correctement lors d’une vision de près. Ainsi, les yeux dévient vers l’extérieur et la vision se dédouble. C’est ce qu’on appelle une exophorie : un trouble du parallélisme oculaire qui provoque une déviation des yeux vers l’extérieur dans certaines conditions. Ce trouble n’apparait pas et n’a aucun impact sur l’oeil au repos. On le compare souvent à un strabisme à la différence que dans le cas du strabisme, le défaut d’alignement des globes oculaires est permanent.

Ainsi, l’insuffisance de convergence impacte uniquement la vision de près. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce trouble s’est répandu et intensifié depuis que les écrans font parties intégrantes de notre vie quotidienne. Autrement dit, la vision ne sera pas touchée autrement que lorsqu’une personne est sur son téléphone, lis un livre, travaille sur son ordinateur, ou tout autre tache nécessitant de voir de près.

L’insuffisance de convergence est l’hétérophorie qui touche le plus d’individus. L’ennui actuellement, c’est qu’une grande partie de la population touchée par ce trouble n’en a pas conscience. Dans la mesure où le corps compense le trouble en adaptant la posture de l’individu pour continuer de voir correctement, le manque ne se ressent pas. Néanmoins, de nombreux symptômes qui sont plus ou moins gênants pour le quotidien lui sont associés. Des douleurs apparaissent puisque la posture prise est mauvaise. Il est donc nécessaire de détecter l’hypoconvergence afin de soulager les douleurs et d’éviter certaines conséquences plus problématiques.

Symptômes et conséquences

Il existe divers symptômes causés par une insuffisance de convergence. Ils dépendent beaucoup de l’âge de la personne.

Effectivement, le cerveau compense afin de voir correctement en vision rapprochée malgré le trouble mais cela provoque :

  • – Maux de têtes, céphalées : qu’elles soient frontales, temporales, orbitaires, occipitales ou encore rétro-orbitaires, elles sont généralement hémicrâniennes.
  • – Fatigue générale
  • – Fatigue oculaire
  • – Douleurs aux yeux : sécheresse, picotements, brulures
  • – Douleurs cervicales et dorsales
  • – Vertiges, nausées
  • – Photophobie : hypersensibilité / intolérance à la lumière
  • – Vision flou ou double

Selon l’âge et les symptômes, l’impact de cette insuffisance de convergence sur la posture et la vie quotidienne de la personne peut être plus ou moins important.

Prenons deux exemples.

D’une part, la fatigue oculaire qui provoque des complications pour lire et pour se concentrer. C’est une problématique non négligeable, particulièrement chez les enfants durant l’apprentissage. Cela peut provoquer des difficultés pour rester attentif et surtout une dyspraxie visuo-spatiale (c’est une dyspraxie qui touche la vision à cause d’un défaut de coordination visuo-motrice et des difficultés à se repérer dans l’espace).

D’autre part, les douleurs cervicales et dorsales. Elles sont généralement dûes au fait que le corps comme le cerveau, compensent le trouble. Le corps adapte sa posture pour voir correctement de près. Ainsi, la personne va prendre l’habitude de pencher la tête sur le côté quand elle lit pour voir de manière nette, courber le dos pour s’approcher davantage encore d’un objet : le corps adopte une mauvaise posture. Ce déséquilibre postural provoque non seulement des douleurs mais aussi des pathologies sur le moyen terme : scoliose, hernie, sciatique, lombalgie, …

 

 

 

 

La détection et la correction d’un e exophorie

Tous les symptômes cités précédemment peuvent être la cause d’une insuffisance de convergence. Dans ce cas, il est fortement recommandé de prendre rendez-vous chez un ophtalmologue afin de faire une évaluation complète de la vision.Lors de cet examen, le spécialiste va faire un test de convergence oculaire. Si une insuffisance est diagnostiquée, le patient est généralement redirigé vers un orthoptiste. Le suivi orthoptique est un traitement qui repose sur des exercices de rééducation des muscles oculaires. Lors des séances, ces muscles sont stimulés dans l’objectif de retrouver une coordination en vision de près. Toutefois, le patient doit continuer les exercices conseillés par son orthoptiste à domicile après la fin des séances. Si le trouble est faible, il peut être directement conseillé à la personne de faire ces exercices à la maison, sans avoir à passer par des séances orthoptiques régulières.

Il arrive aussi parfois que le spécialiste prescrive au patient des lunettes correctrices pour atténuer le déficit.

À ses différents traitements peuvent finalement s’ajouter un suivi ostéopathique. L’ostéopathe, lui, traitera les troubles posturaux du patient causés par l’exophorie. Ça peut être une étape importante dans le but de diminuer ses symptômes, d’améliorer sa posture et de travailler sur le fonctionnement des yeux dans le système postural d’aplomb. Un trouble de convergence peut provoquer des déséquilibres dans la posture, il faut donc traiter les deux conjointement.

Finalement, le bilan postural est une alternative à prendre en compte en cas d’insuffisance de convergence. Cette méthode ne traitera pas le trouble mais permettra au praticien de diagnostiquer si d’autres capteurs du système postural sont responsables. Par ailleurs, il sera en mesure de déceler l’impact qu’à eu le trouble sur la posture. Ainsi, le patient pourra être redirigé vers d’autres spécialistes afin de corriger sa posture et soulager les douleurs.